mercredi 16 mars 2011

Les Rumeurs Cannoises

Après un cru 2010 jugé plutôt décevant malgré une magnifique Palme d’or – «Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures», le Festival de Cannes 2011 devrait faire la part belle aux grands noms du cinéma d’auteur européen, n’en déplaise aux grincheux. Les nouveaux longs métrages de Lars von Trier(«Melancolia», avec Charlotte Gainsbourg et Kirsten Dunst), Pedro Almodovar («La Peau que j’habite», adaptation d’un roman de Thierry Jonquet avec Antonio Banderas), Aki Kaurismaki («Le Havre», avec André Wilms et Kati Outinen) ou encore des frères Dardenne («Le Gamin au vélo» avec Cécile de France et Jérémie Renier) devraient être présentés sur la Croisette, tout comme «Habemus Papam» de Nanni Moretti, qui sort le 15 avril en Italie. Thierry Frémaux et son équipe devraient également sélectionner les nouveaux longs métrages d’Ulrich Seidl («Paradise»), Nuri Bilge Ceylan («Il était une fois en Anatolie»), Andrea Arnold («Les Hauts de Hurlevent») et Alexander Sokourov («Faust»). Le cinéma russe devrait d’ailleurs être bien représenté cette année. Le nouveau long métrage d’Alekseï Guerman («Il est difficile d’être un dieu») sera peut-être fini à temps pour une présentation sur la Croisette, tout comme le troisième volet de «Soleil Trompeur» de Nikita Mikhalkov. L'Italie pourrait quant à elle être représentée, en plus du Nanni Moretti par «Il segreto di Piazza Fontana» de Marco Tullio Giordana et «Le Premier homme» de Gianni Amelio, avec Jacques Gamblin et Claudia Cardinale.

LES AMÉRICAINS ENVISAGÉS

Avec un seul long métrage américain en compétition l’année dernière – «Fair Game» de Doug Liman-, le Festival de Cannes avait irrité une partie de la presse internationale. Gageons que le cru 2011 prendra un accent un peu plus yankee. On sait déjà que Woody Allen présentera hors compétition et en film d’ouverture son nouveau film, «Minuit à Paris» et que le président du jury sera sa majesté Robert de Niro. La suite est plus floue. L’Italien Paolo Sorrentino devrait présenter son premier film américain, «This Must Be a Place», avec Sean Penn en ex-rock star qui parcourt les Etats-Unis pour se réconcilier avec son père, un ancien Nazi. Sean Penn pourrait d’ailleurs défendre un deuxième long métrage sur la Croisette, le tant attendu «Tree of Life» de Terrence Malick (en photo), déjà sur les plannings l’an passé et qui sortira le 18 mai prochain en France. Récompensé d’une Palme d’or pour «Elephant», Gus van Sant pourrait bien venir à Cannes avec «Restless» sous les bras, alors que l’on prie pour une présentation de «The Descendants» d’Alexander Payne, avec George Clooney en fermier et, soyons optimiste, de «Super 8» de JJ Abrams, pour une séance de minuit qui créerait la sensation. Walter Salles aura quant à lui peut-être fini un premier montage de «Sur la route», adaptation très attendue du roman de Jack Kerouac . Mauvaise nouvelle en revanche pour les fans deDavid Cronenberg, «A Dangerous Method» serait envisagé pour le Festival de Toronto, à l’automne, ville dont le cinéaste est originaire. Hors-compétition, on pourra compter sur «Kung Fu Panda 2» pour offrir à Cannes une belle montée des marches.

LES FRANÇAIS SUR LE QUI-VIVE

Comme chaque année, la plupart des producteurs français rêvent de présenter leur film sur la Croisette, même si l’accueil critique peut y être glacial. Parmi les titres qui reviennent avec insistance sur les sites spécialisés (citons par exemple l’excellent Ion Cinema), «L’Ordre et la morale» de Mathieu Kassovitz, sur le massacre de la grotte d’Ouvéa, en Nouvelle-Calédonie, pourrait bien créer la polémique, alors que l’on attend avec beaucoup d’impatience «Poulet aux prunes» de Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi, avec Mathieu Amalric, «Le Moine» de Dominik Moll, avec Vincent Cassel, «L'empire» de Bruno Dumont ou encore «Les Bien-aimés» de Christophe Honoré. On imagine Thierry Frémaux sensible aux talents de Mia Hansen-Love, qui a fini «Un Amour de jeunesse» - sortie le 8 juin en France, et de Virginie Despentes («Bye Bye Blondie»), avec Emmanuelle Béart. Le comité de sélection français s’est réuni pour la première fois cette semaine. Et pour être tout à fait complet, les nouveaux films de Bertrand Bonello («L'Appolinide»), Chantal Ackerman («La Folie Almayer») et de Rabah Ameur-Zaïmeche («Les Chants de Mandrin») forment un beau trio de prétendants à la sélection officielle.

DU WORLD CINÉMA

Le Festival de Cannes fait toujours la part belle aux représentants du cinéma mondial. Ainsi, l’Asie devrait être présente en force sur les bords de la Méditerranée. Si les nouveaux films de Wong Kar-waï («The Grand Master») et Hou Hsiao-hsien («The Assassin»), ne seront peut-être pas finis pour 2011 – les génies sont perfectionnistes -, le Chinois Lou Ye («Love & Bruise» tourné à Paris avec Tahar Rahim), le PhilippinBrillante Mendoza («Captured» avec Isabelle Huppert en religieuse enlevée dans la jungle), le SingapourienEric Khoo («A Drifting Life») ou encore les Japonais Hirokazu Kore-eda («Miracle») et Shinji Aoyama (avec «Decadent Sisters» et/ou «Tokyo Kouen») pourraient revenir en compétition. On change de continent avec l’Amérique du Sud et plusieurs prétendants à une sélection: «Mala» d’Adrian Caetano, «Post Tenebras Lux» de Carlos Reygadas et on guettera l’avancée du projet de science-fiction de Lucretia Martel, «El eternauta». En espérant bien sûr que ces projets soient terminés.

"A Drifting Life" d'Eric Khoo.

LES PETITS NOUVEAUX

Les persifleurs ont souvent tort. Depuis son arrivée à la tête de la sélection du Festival de Cannes, Thierry Frémaux surprend toujours la critique avec de nouveaux cinéastes en compétition. Cette année, on guettera ainsi les premières apparitions dans la course à la Palme d’or du Sud-Coréen Hong-jin Na («The Yellow Sea) de l’Israélien Eran Kolirin («The Exchange»), de la Russe Julia Lotev («The Loneliest Planet»), de l’Allemand Andreas Dresen («Halt auf freier Strecke»), du Grec Giorgos Lanthimos («Alps», qui pourrait bien être l’un des chocs du Festival), du Thaïlandais Pen-ek Ratanaruang («Rain in Blue») ou encore des Canadiens Guy Maddin («Keyhole») et Jonathan Caouette («Cloudbusters»), déjà passés par la Croisette.